Le torrent et le kayak

Ça fait bizarre de venir écrire ici après tout ce silence virtuel. Ça fait bizarre de venir prendre le temps de poser par écrit quelques-unes des milles choses qui ont changé et m’ont changé en l’espace de deux mois.

Le 31 août dernier, j’ai appris mon intégration en école d’ingénieurs. Avec ça, mon changement de maison, de ville, de vie. Après les galères de recherche de logement, de paperasses, d’argent, me voilà finalement exilée loin de mes parents. J’ai ma petite valise, un sac à dos, de grandes attentes et la curiosité de voir tout ce que cela va donner.

J’arrive enfin “chez moi” après avoir créché en colloc, m’être perdue avec les lignes de bus et mon hors-forfait et… c’est le blues. Et pourtant, j’en ai rêvé, de partir ! Mais entre mes 4 murs, soudainement, j’ai un petit passage à vide. Il ne durera pas longtemps. L’après-midi même de mon installation, c’est la rentrée. Je rencontre celleux qui seront mes ami.e.s. On est encore timides et tous mignons.

Et puis tout s’enchaîne. Les premières surprises de l’intégration, les débats sur nos régions respectives, les équipes, nos chefs, la fanfare, les barbecues, les soirées décadentes, les cours d’initiation gratuits, l’esprit famille, le rallye, la rencontre de chouettes personnes, les projets, le vélo, les assos, et puis le WEI qui clôture tout notre mois d’intégration en beauté. Un beau mois d’adaptation, où les liens entre nous s’affirment et se resserrent.

Je n’ai jamais été aussi heureuse. Je revis complètement. J’ai attendu ce moment depuis tant de temps que je passe les premières semaines à me dire “putain, tu rêves pas, tu y es”. J’imagine mal que c’est cette même année où je prenais le train tous les jours, parfois sans plus trop de convictions, pour affronter un nouveau jour en prépa. Je n’étais pas foncièrement malheureuse, mais plus éteinte, plus anxieuse.

Tout est allé si vite depuis le 31 août que j’ai eu à peine le temps d’y réfléchir, à ce changement de vie. C’est comme si un torrent s’était déversé et que je m’y étais jeté dedans avec mon kayak. Et ce n’est pas un problème, finalement. Mais ça fait du bien de faire cette petite halte avec vous.

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